LA MÈRE ET L'ËNFANT. — Mère, lorsqu'un enfant est mort, Et que, renfermé dans la bière, On le transporte au cimetière, Est-ce pour bien longtemps qu'il dort!' Jamais, mon fils, il ne s'éveille; Pour toujours il est au cercueil : Quand une fois on y sommeille, Impossible de rouvrir l'oeil. — Mère, tous ceux qui sont en vie Doivent-ils donc ainsi finir? Oh ! moi, je n'en ai pas envie, Mère, je ne veux pas mourir. — Mon enfant, tous, tant que nous sommes. Nous devons subir cette loi ; Car la mort fauche tous les hommes, Depuis le pauvre jusqu'au roi. — Mais l'autre jour, dans ton grand livre Tout garni d'or et de velours, Tu m'as lu que la mort délivre Pour nous faire vivre toujours. — Oui, mon fils, nous avons une âme Qui par la mort ne périt pas : Le ciel l'attire et la réclame Quand nous sommes bons ici-bas. Tu vois là-haut ces hirondelles] Voler et se perdre à tes yeux : A la mort, notre âme, comme elles. S'enfuit dans les hauteurs des cieux. Elle va se mêler aux anges Qui la traitent comme une sœur, Et chante avec eux les louanges Du bon Dieu, notre Créateur. — Si c'est ainsi, la mort nie semble Non pas un mal, mais un plaisir, Et si tu veux partir ensemble, Mère, je voudrais bien mourir.
Alfred Bougeault (1854)
Date de création : 16/11/2007 @ 00:25
Dernière modification : 26/04/2008 @ 09:06
Catégorie : Textes
Page lue 815 fois
Prévisualiser la page
Imprimer la page
|